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Manifestations géantes, grèves, solidarités, colère populaire… Le projet de réforme des retraites, voulu par le président Emmanuel Macron, ne passe pas. Jugé scélérat, injuste et antisocial, il mobilise contre lui les salariés et leurs syndicats, déterminés depuis un mois à obtenir son retrait définitif. Récit d’une mobilisation historique à Bonneuil.

Repousser l’âge de départ à la retraite, créer un âge pivot de 64 ans, installer un système universel par points, calculer les pensions sur l’ensemble de la carrière et non plus sur les meilleures années de salaire… Le projet de réforme des retraites, longtemps préparé par le Gouvernement, s’annonçait être une bombe sociale. Et c’est bien une explosion de contestation qui agite la France depuis début décembre. Syndicats de salariés (CGT, CFDT, FO, Solidaires, FSU, CFTC, Unsa, SNJ, CFE-CGC, etc.), syndicats de la magistrature, syndicats de police, organisations étudiantes, mais aussi la CNL, la FCPE, etc. Excepté le Medef, syndicat des patrons qui a applaudi la réforme, toutes les organisations représentatives rejettent le projet d’Emmanuel Macron. De plus, selon tous les sondages publiés en décembre, deux Français sur trois y sont opposés et soutiennent le mouvement d’opposition.

Mouvement dont la journée du 5 décembre avait donné le coup d’envoi. À Bonneuil comme dans tout le pays, il est entré dans le vif. Pas moins de trois cars pleins sont partis de Bonneuil pour rejoindre le cortège de la manifestation parisienne. Et ils étaient loin d’être seuls ! Dépassant toutes les prévisions, un million et demi de personnes ont battu le pavé dans 250 villes de France ! Des chiffres et une mobilisation qui n’ont cessé d’être en hausse tout au long de ce dernier mois de l’année 2019. Mardi 17 décembre, lors de la quatrième journée nationale d’action, ils étaient plus d’1,8 million dans les rues. De nombreux secteurs se sont mis en grève reconductible, notamment dans les transports, l’éducation, l’énergie, les raffineries, les collectivités, les hôpitaux, les pompiers ou encore le commerce.

À Bonneuil, du port jusque dans les écoles, en passant par la RATP, la mairie ou encore les Ehpad, les salariés ont participé à de nombreuses actions nationales et locales. Réunis chaque jour en assemblée générale, ils étaient 150 à 200 agents territoriaux à décider la reconduction de la grève et des actions à mener. Des actions fortes qui ont fait démonstration de leur détermination et ne sont pas passées inaperçues : blocage du port, manifestations dans les rues de Bonneuil, rassemblement départemental devant la préfecture, prise de paroles lors d’événements comme la Fête des solidarités, organisation de conférences et de rencontres avec les usagers, etc. Pour sa part, la municipalité a apporté son soutien total au mouvement. « Avec ce nouveau système de retraite, tout le monde y perdra, a dénoncé le maire Patrick Douet. Cette réforme, le gouvernement doit la retirer. » Cela n’empêche cependant pas le Gouvernement d’être sourd à la rue et au fort soutien populaire. Malgré la démission de son hautcommissaire en charge de la réforme, Jean-Paul Delevoye, il reste droit dans ses bottes, sans jusqu’ici rogner un seul point du projet. En réponse, l’intersyndicale nationale, animée notamment par la CGT, appelle à « une nouvelle puissante journée de grève et manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles » le jeudi 9 janvier 2020. La détermination et l’unité ne sont pas prêtes de faiblir.

Le Conseil municipal soutient le mouvement social

En séance publique, les conseillers municipaux ont dénoncé à l’unanimité : « Le gouvernement d’Emmanuel Macron souhaite en finir définitivement avec les conquêtes et acquis sociaux. Il y a bien une cohérence entre l’appauvrissement des retraités, le recul de l’âge de la retraite, la diminution des pensions, mais aussi le gel des recettes de la sécurité sociale… L’objectif, à terme, est de forcer les Françaises et les Français à souscrire à des assurances retraites privées, en organisant la pénurie de moyens de la sécurité sociale et l’insuffisance des pensions. Ouvrant ainsi des marchés juteux au secteur privé, intéressé avant tout par le profit, et non la santé, la sérénité et le bien-vivre de nos concitoyens. Nous refusons cet avenir, et continuerons à défendre nos retraites par répartition. Nous encourageons chacune et chacun à poursuivre, amplifier et développer les mobilisations ! »

Aussi, le Conseil a décidé l’attribution d’une subvention exceptionnelle de 2 000 euros à l’Union locale CGT en solidarité aux enseignants en grève à Bonneuil. En outre, le conseil a délibéré en faveur de la non facturation totale des familles inscrites aux accueils périscolaires et petite enfance impactées par les grèves du 2 au 20 décembre.

Ce qu'ils et elles en disent :