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Professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty a été sauvagement assassiné pour avoir fait son métier, le 16 octobre aux abords du collège où il enseignait. Le 29 octobre à nouveau, à Nice, trois personnes ont été tuées au couteau dans un basilique. Le 2 novembre, c’était à Vienne en Autriche où quatre personnes mourraient dans une fusillade qui a également fait 23 blessés. Le même jour, l’État islamique tuait encore à Kaboul : 22 personnes au moins sont tuées dans une université.

Alors que le souvenir des attentats du 13 novembre 2015 à Paris se ravive à l’occasion du 4e anniversaire, la Ville de Bonneuil rend hommage aux victimes de ces actes barbares. Drapeaux en berne, elle appelle à l’unité et à ne rien céder de nos valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité, mais aussi du vivre-ensemble et de la solidarité. 

Jeudi 19 novembre, le Conseil municipal a adopté un voeu à l'unanimité proposant notamment qu'une rue prenne le nom de Samuel Paty et que soient alloués davantage de moyens à l'instruction publique républicaine, rempart et premier vecteur de ces valeurs.

19 novembre :

En séance du Conseil municipal, les élu·e·s de Bonneuil ont adopté à l'unanimité un voeu en hommage à Samuel Paty et aux victimes des attentats. Le voeu exige notamment que l'État prennent des mesures nationales pour lutter contre l'exclusion et la misère qui sont le terreau du fascisme et renforce les politiques de solidarité. Il exige que l'État condamne plus fermement l'incitation à la haine raciale qui ne relève pas de la liberté d'expression. Il demande en outre la suspension du projet de loi de sécurité globale qui "menace la liberté d'informer, de manifester et les libertés politiques en général". Et il propose également que soit donné le nom de Samuel Paty à une rue adjacente d'une école.

5 novembre :

Minute de silence devant l'arbre de la paix, sur la place Salvador-Allende

Denis Öztorun, 1er adjoint au maire de Bonneuil, en présence des adjoints Sabri Mekri, Akli Mellouli, Virginie Douet-Marchal et de conseillers municipaux, se sont rassemblés au pied de l’arbre de la paix, mail Salvador-Allende, pour rendre hommage à Samuel Paty et toutes les victimes des attentats de Nice, de Vienne en Autriche et de Kaboul en Afghanistan.

« Nous renouvelons notre appel à l'unité, a proclamé Denis Öztorun. Nous ne lâcherons rien des valeurs d'égalité, de liberté, de fraternité. Rien de la liberté d'expression. Nous ne lâcherons rien du vivre-ensemble que nous avons su construire dans notre unité et notre diversité. Rien, nous ne cèderons rien aux sirènes du fascisme et du racisme qui veulent désigner comme coupable des millions de musulmans qui ne partagent rien de l’idéologie des assassins. Car le fascisme de l’État islamique, d’Al Qaeda, des talibans ; et le fascisme des identitaires, de l’extrême-droite, ne sont que les deux faces d’une même pièce. »

Et d'ajouter : « la situation est grave. Elle nous préoccupe tous, elle pèse sur chacune et chacun de nous. Il est urgent d’y apporter des réponses. Les réponses nationales que nous avons toujours exigées, certes. Recrutement de personnels dans l’Instruction publique, lutte contre la misère qui fait le terreau des replis sur soi et des extrémismes… Il est temps, plus que temps, même, pour nos représentants nationaux d’agir réellement. Mais il est de notre responsabilité de trouver des solutions locales. C’est pourquoi je prends l’engagement, en réaction à ces événements, de travailler avec toutes et tous les élus du Conseil municipal à explorer de nouvelles voies pour avancer, à notre échelle, sur ces problèmes. D’ores et déjà, je veux dire à l’ensemble des acteurs associatifs de Bonneuil, qui sont au premier rang pour faire vivre la solidarité, qu’ils trouveront en nous un interlocuteur décidé et attentif. »

21 octobre :

Rassemblement devant la mairie pour un hommage à Samuel Paty, en présence de Bonneuillois et des élus du conseil municipal. 

La Rose et le Réséda

Poème de Louis Aragon, publié mars 1943, pour appeler le croyant et l’athée à résister ensemble, et non séparément, pour défendre la République.

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda.