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Jeudi 16 décembre, le Conseil municipal examinera le budget 2022 de la commune. Quelles priorités pour l’année à venir ? Quelles dotations ? Quelles orientations ? Réponses.

Le budget est l’acte fondamental de la gestion municipale, car il détermine chaque année l’ensemble des actions qui seront menées. En 2021, le budget s’est élevé à 60 millions d’euros, dont 14,1 millions en investissements. En outre, pour la 7e année consécutive, la Ville n'avait pas augmentée la part communale des impôts locaux.

À un mois du vote du budget 2022, le Conseil municipal s’est réuni pour le rapport d’orientation budgétaire, jeudi 18 novembre. L’occasion de confirmer des priorités de l’action communale et de la stratégie financière de la Ville. Et c’est dans un contexte d’asphyxie exacerbée que le budget se prépare.

« Alors qu’en 2014, Bonneuil recevait une dotation globale de fonctionnement de 7 millions d’euros, la Ville a reçu 40 000 euros en 2021. En 2022, elle ne percevra plus aucun montant » a souligné Arnaud Letellier, adjoint au maire délégué aux finances. Aussi, équilibrer le budget est plus que jamais un casse-tête. Pour le conseiller municipal Gilles David, du groupe d’opposition Unis pour Bonneuil, il est nécessaire de « baisser la voilure » en termes de services et de masse salariale. « Baisser la voilure ? a réagi le maire Denis Öztorun. Que proposez-vous de supprimer ? La gratuité scolaire, l’aide alimentaire aux plus démunis, l’action pour les retraités, les crèches municipales ? » Au contraire, pour la majorité, malgré le contexte budgétaire, l’année 2022 doit donner la priorité aux services publics et aux solidarités. « Notre budget doit être un bouclier contre la crise sanitaire et sociale », a soutenu Didier Cayre, président du groupe Communistes et partenaires. « Nous devons lutter pour un service public de qualité, pour que les Bonneuillois souffrent le moins possible des politiques libérales », a poursuivi Mehdi Mebeida, adjoint au maire et élu socialiste.

En outre, l’assemblée communale a échangé sur les projets d’investissement. « Nous entendons poursuivre notre programme de rénovation, avec priorité aux écoles et aux équipements sportifs », a détaillé Arnaud Letellier. La municipalité lancera notamment la restructuration de l’école élémentaire Romain-Rolland pour 380 000 euros, elle poursuivra le plan de mise en Led de tous les éclairages publics pour 320 000 euros, le plan d’accessibilité en faveur des personnes à mobilité réduite pour 200 000 euros et la construction du nouveau complexe sportif de la butte Cotton pour 2,5 millions d’euros.


Avis d’expert

Depuis la suppression de la taxe professionnelle et avec l’extinction programmée de la taxe d’habitation, les impôts et contributions directes implosent dans le budget des collectivités.
Pour Fabien Maury, Bonneuillois et économiste, l’impôt républicain est pourtant le meilleur garant de l’égalité et du fonctionnement des services publics.

L’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que « pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés »Les impôts font vivre les services publics locaux, la petite enfance, les écoles, le sport, les associations, le traitement et le recyclage des ordures ménagères, l’assainissement, la voirie, les aides au profit des plus démunis…

Les impôts sont utiles à tous et sont payés par tous. On entend parfois dire : « tout le monde ne paie pas d’impôts, c’est injuste ». C’est de la propagande sciemment entretenue. Tout le monde contribue au paiement des impôts en payant la TVA, la contribution sociale généralisée (CSG), l’impôt sur le revenu, ou encore la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). La TVA, par exemple, rapporte à l’État 192 milliards d’euros par an. C’est un impôt indirect et prétendument indolore qui coûte 4 800 euros par an et par foyer. Elle pèse plus sur les bas salaires : la TVA sur l’achat d’une baguette, coûte 0,10 €, que l’on soit smicard ou millionnaire.

La pression des gouvernements successifs depuis 1986, pour réduire les dépenses publiques des collectivités, induit de plus en plus d’inégalités au sein de la population, et cela amoindrit la proximité avec les usagers, la démocratie locale. Plus la société est inégale, plus elle est inefficace.