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Bonneuil à travers les âges

Aux origines : une implantation gallo-romaine

Bonneuil tire son nom d’un terme gaulois désignant un « lieu ». Dès les premiers siècles de notre ère, une villa gallo-romaine, nommée Bonoilum ou Bonogilum, s’y serait établie, sur une voie reliant Paris à Sens, et intégrée au domaine impérial romain.

Au VIIe siècle, une villa royale accueille régulièrement les rois Clotaire II et Dagobert. Un miracle est même rapporté au passage du cortège funéraire de Saint-Louis en 1270. L’église Saint-Martin, attestée dès le XIIIe siècle, pourrait être encore plus ancienne.

Du Moyen Âge à la Révolution

À la fin du Moyen Âge, Bonneuil est divisée en deux seigneuries : celle du château de Bonneuil (aujourd’hui disparu) et celle du Rancy, dont les bâtiments subsistent. La Révolution française abolit les privilèges seigneuriaux et fait de Bonneuil une commune en 1790. Le cahier de doléances de l’époque reste un document remarquable.

Guerres du XIXe et début du XXe siècle

Le XIXe siècle est marqué par deux occupations prussiennes : en 1814-1815 puis en 1870. Différents détachements sont cantonnés dans la ville durant la Grande guerre de 1914-18, comme en témoignent les nombreuses cartes postales que ces soldats envoient à leurs familles. En dehors de ces périodes de conflit, Bonneuil reste un « charmant village » rural, apprécié des Parisiens, qui viennent se détendre au Moulin-Bateau sur les bords de Marne.

Du village rural à la ville ouvrière

Au début du XXe siècle, Bonneuil reste majoritairement agricole. L’arrivée du train et du tramway transforme profondément la commune. Le port de Bonneuil, deuxième d’Île-de-France, voit le jour en 1916. Des usines s’y installent dans les années 1930, dont la fabrique Lancia, capable de produire cinq voitures par jour.

Bonneuil, une ville résistante

La montée des luttes sociales

Bonneuil devient aussi un haut lieu de solidarité ouvrière. En 1935, Henri Arlès, ouvrier syndicaliste, devient maire en pleine période du Front populaire. Il soutient les grévistes des usines Colas et Lancia et lance des politiques municipales ambitieuses en faveur de l’enfance, des sports, des loisirs et de l’éducation.

Une ville engagée contre le fascisme

Bonneuil se mobilise face à la montée du fascisme. En 1936, un ouvrier, Giordano Viezzoli, rejoint l’aviation républicaine espagnole et  sera abattu le 30 septembre 1936 par les franquistes. La ville fait également de l’Allemand Ernst Thälmann, ecrétaire national du Parti Communiste Allemand, citoyen d'honneur alors que les nazis l'emprisonnait en camp de concentration (il y sera lachement assassiné en 1944).

Mais le 27 septembre 1939, le gouvernement Daladier interdit le Parti communiste et suspend Henri Arlès de ses fonctions. Il rejoint la Résistance, tout comme plusieurs de ses colistiers : Alexandre Guillou (mort à Auschwitz), Georges Ferrand (déporté à Mauthausen), et Léa Maury (exécutée en 1943). Bonneuil leur rendra hommage après-guerre.

Après-guerre : urbanisation et nouveaux quartiers

Après 1945, Bonneuil doit faire face à la crise du logement. Un vaste programme de construction de logements sociaux est lancé. De nouveaux équipements éducatifs et sportifs voient le jour : Joliot-Curie (1958), prolongement de l'école Langevin-Wallon, Gymnase rue Victor Hugo et construction d'un collège (1961), groupe Romain-Rolland (1967) puis groupe Aimée et Eugénie Cotton (1968).

La maison commune : une histoire emblématique

Des débuts modestes à la Révolution

À l’époque révolutionnaire, les réunions municipales ont lieu après la messe dominicale, devant l’église Saint-Martin. La première « maison commune » se situe place Henri-Barbusse, mais elle est jugée vétuste et démolie en 1811. Les maires successifs installent alors leurs bureaux dans des locaux provisoires, parfois même au-dessus du porche de l’église.

Un projet longtemps repoussé

Dès 1854, l’idée d’une véritable mairie est évoquée, mais les projets peinent à voir le jour, faute de moyens. Ce n’est qu’après la guerre de 1870 et l’incendie de l’église que les choses avancent. En 1876, le maire Alfred Gillet engage le processus de construction d’un nouveau bâtiment.

La mairie actuelle : construction et inauguration

Un terrain situé rue de la Croix (aujourd’hui rue d’Estienne d’Orves) est acquis en 1878, sur l’emplacement d’une ancienne grange. Les travaux débutent en 1879 et la nouvelle mairie est inaugurée le 10 juillet 1881 par le maire Louis-Dominique Michel, en présence du sous-préfet. Ce nouvel édifice symbolise l’ancrage de la Troisième République, qui souhaite séparer l’administration des affaires religieuses. La mairie, située désormais à distance de l’église, devient le centre de la vie politique et civique du village.

À son ouverture, la mairie n’est pas seulement un bâtiment administratif. Elle abrite aussi l’école des garçons dans une classe unique. Les filles, elles, sont instruites par les Sœurs de la Providence, impasse du Morbras.

Une mairie témoin de l’histoire locale

Depuis plus d’un siècle, la mairie de Bonneuil accompagne la transformation de la commune, passée d’un village rural à une ville populaire dynamique qui a vu son nombre d'habitant se multiplier au fil des siècles :

  • 770 habitants en 1911

  • 1 040 en 1921

  • 2 489 en 1936

  • 12 317 en 1968

  • 18 134 en 2019

 À l’heure de nouveaux projets, une nouvelle page pourrait bientôt s’écrire pour cet édifice chargé d’histoire.

L’histoire est toujours sujette à débat. La mairie ne prétend pas se substituer aux chercheurs amateurs ou professionnels qui, mieux qu’elle, sont capables de la faire avancer. L’objectif modeste de cette rubrique est de rendre disponibles quelques éléments d’information, qui pourront être complétés par des lectures plus approfondies. Nous remercions particulièrement messieurs Barty Mekri et Henri Bernard pour leur aide précieuse. Les ouvrages de Jacques Varin, Bonneuil-sur-Marne, une histoire millénaire et Bonneuil-sur-Marne au XXe siècle ont largement été utilisés, de même que les notices du Laboratoire Départemental d’Archéologie, Autrefois – Bonneuil de Christian Pontagnier et Bonneuil, histoire d’un port en eaux douces de Barty Mekri.