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Parmi la trentaine d’oeuvres exposées au centre d’art, pour sa première exposition sur « La paix », il est une oeuvre qui attire le regard et intrigue le visiteur. C’est 11 shot dead, de Bruce Clarke. Pour en savoir plus, nous sommes allés dans l’atelier de son auteur, à Saint-Ouen, où il est aujourd’hui installé. Portrait d’un plasticien et photographe résolument militant.

« Ce tableau, je l’ai peint au tout début des années 90, explique Bruce Clarke à propos d’11 shot dead, oeuvre exposée au centre d’art et qui appartient au fonds d’art municipal. Il évoque le climat de violence, de quasi guerre civile qui régnait alors en Afrique du Sud, après la libération de Nelson Mandela ».

D’origine sud-africaine, fils de parents exilés politiques, militants anti-apartheid, Bruce Clarke est né en 1959 à Londres. Après des études aux Beaux-Arts à Leeds, il s’est installé en France, tout en parcourant le monde.

Inspiré par différentes tendances de l’art conceptuel, il expose ses premières oeuvres en 1989. « J’aime beaucoup la transparence, résumet-il. C’est pourquoi je travaille avec des superpositions de collages et de couches de peintures. Ça me permet de suggérer différentes lectures de l’image. »

La suggestion, c’est le maître-mot de son art. « Ce qui m’intéresse, c’est de lier mon travail au monde réel. J’essaie d’inciter à réfléchir et à agir dans le réel. Il faut rester modeste dans les ambitions de l’art, mais je pense un peu comme Picasso lorsqu’il disait qu’une peinture peut être une arme de guerre. »

Engagé dès les années 80, dans les luttes anti-apartheid, contre le néocolonialisme, pour la paix... Ses combats sont le fil conducteur de ses oeuvres.

À la fin des années 90, il est à l’origine du projet « Le jardin de la mémoire », sculpture mémorielle du génocide rwandais, soutenu par l’Unesco. En 1994, il y avait été témoin de l’horreur comme photographe.

En 2012, il est à l’initiative de la campagne « Les Hommes debout » : des fresques murales aux quatre coins du monde, en solidarité avec les survivants du génocide. Plus récemment, Bruce Clarke s’est consacré à un vaste projet artistique : « Les Fantômes de la mer », en hommage aux migrants d’Afrique, victimes du trafic humain et noyés en Méditerranée.

Lorsqu’on l’interroge sur le thème de l’exposition du centre d’art, « La paix », il répond : « On ne peut pas parler de paix, sans parler de guerre. Nous sommes toujours en guerre : en guerre armée, en guerre sociale, en guerre économique... La paix est un idéal, mais ça reste un combat permanent. »

 

Pour en savoir plus : bruce-clarke.com

Retrouvez un dossier complet sur le centre d'art : l'art à porté de tous !

 

Publiée le 1er octobre