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À la fois bassin d’emplois et plateforme multimodale à fort enjeu écologique et économique, le port est au centre de nombreux projets et ambitions. Dans une démarche de développement durable, la Ville et le port, se mobilisent pour conforter le transport multimodal, le fret fluvial et ferroviaire, des modes de transports d’avenir.

Après une année 2020 chaotique en termes économiques, l’horizon de sortie de crise reste hypothétique et brumeux… Cette crise économique sans précédent a laminé le marché de l’emploi et se double d’une crise écologique notable. Pollution atmosphérique ou sonore, problèmes de circulation, émissions de gaz à effet de serre liées en grande partie au transport routier... Tous les indicateurs sont au rouge.

Face à cette crise économique et écologique, la Ville compte sur son territoire un acteur économique de premier plan : le deuxième port fluvial d’Île-de-France, après celui de Gennevilliers. La zone portuaire, située à seulement 8 km de Paris, accueille près de 200 entreprises et génère quelque 2 500 emplois (en 2018). Le port de Bonneuil occupe environ 200 hectares en bords de Marne, dispose de deux darses et de 4 km de quais. Il peut accueillir des trains de 850 m de long, des bateaux de 1 200 tonnes et des convois poussés jusqu’à 2 500 tonnes. « Chaque année, y transitent un peu plus de 4 millions de tonnes de marchandises dont 1 million par voie d’eau et presque autant par voie ferrée, étaye Éric Fuchs, aux manettes du port de Bonneuil, Directeur de l’Agence Seine-Amont, Haropa Ports-de-Paris. Le port permet une desserte trimodale : eau, fer, route. C’est un véritable atout pour les entreprises qui choisissent de s’implanter sur la zone industrielle et portuaire. Cela leur permet de conjuguer différentes solutions d’approvisionnement, de distribution et de proposer une chaine logistique vertueuse. »

Il y a un véritable intérêt économique et environnemental à développer le transport multimodal. Le port s’y engage au travers de son schéma d’aménagement et de développement durable. La municipalité entend s’emparer du dossier et mobiliser les partenaires. « Le Val-de-Marne dispose de quatre bassins d’emplois : l’aéroport d’Orly, le centre de triage de Villeneuve-SaintGeorges, le MIN de Rungis et le port de Bonneuil ; ils bénéficient tous du transport multimodal : aérien, routier, ferroviaire ou fluvial. Créer une synergie entre ces sites permettra d’élargir le bassin d’emplois et le nombre d’entreprises tout en préservant l’aspect écologique, revendique le maire Denis Öztorun. Nous devons nous emparer de ce sujet et en faire un enjeu de débat public. » Le débat est lancé…

Pour un grand projet quadrimodal

 


C’est la première grande campagne annoncée par le maire dès son élection en janvier. La Ville souhaite développer les bassins d’emplois autour du port de Bonneuil, à savoir Villeneuve-SaintGeorges, Orly et Rungis, qui bénéficient du transport multimodal  : aérien, routier, ferroviaire et fluvial. Objectif ? Rallier les collectivités, les élus, les acteurs syndicaux et économiques et faire de cette bataille écologique et industrielle un enjeu de débat public.


Le port de Bonneuil combine les frets ferroviaire et fluvial. Il sera d’ici 2023-2024 directement relié par voie routière à la RN 406. La gare de triage de VilleneuveSaint-Georges, à 9 km de Bonneuil, est un important nœud ferroviaire qui relie Paris, Lyon et Marseille. Elle permet de gagner Le Havre en un temps record. L’aéroport d’Orly, à 12 km de Bonneuil, permet une liaison rapide de marchandises avec le monde entier par voie aérienne. Le MIN de Rungis, à 15 km de Bonneuil, représente le plus grand marché de produits agricoles au monde, alimentant toute la région et une large part du territoire national.

Voilà quatre bassins d’emplois m a j e u r s , à p ro x i m i t é d e Bonneuil, que la municipalité entend fédérer et développer. « Ces bassins d’emplois, ces plateformes multimodales ne peuvent exploiter leur potentiel qu’en approfondissant leurs liens économiques et leurs modes de transports, explique le maire Denis Öztorun. Le territoire pourrait être à la pointe en termes d’emplois, de réduction des nuisances et de pollution générées par le transport routier, si et seulement si l’État investit et modernise le service public ferroviaire. D’ailleurs, le 27 juillet dernier, j’ai interpellé à ce sujet le Premier ministre, à l’occasion de sa venue à Bonneuil. En réponse, il a demandé au préfet du Val-de-Marne qu’une étude soit mise en œuvre. »

Dans son schéma d’aménagement et de développement durable, le port de Bonneuil est engagé dans une démarche de développement de sa multi-modalité en favorisant le report modal pour améliorer l’axe de transit et les flux de marchandises Nord/Sud et vers le Havre, en développant le trafic fluvial et en développant le trafic ferroviaire.

Le multimodal doit devenir un enjeu public.

Aussi, pour mener à bien cette bataille politique, la municipalité va rallier à cette cause les acteurs syndicaux, politiques et économiques. Les intérêts ne sont pas des moindres : reconquête industrielle, sauvegarde et création de nouveaux bassins d'emplois locaux pour résorber le chômage, création de synergies en termes de coûts de transports et logistiques, réponses aux attentes de la communauté scientifique en termes de développement durable quant à la réduction des gaz à effets de serre… Des atouts indéniables pour les entreprises, les territoires et bien évidemment la population.

Le multimodal en chiffres

  • Le transport fluvial, peu polluant, consomme 5 fois moins de carburant que le transport routier et émet 2,5 fois moins de CO2 à la tonne transportée.
  • Le fret fluvial permet de transporter en un seul convoi l’équivalent en marchandises de 4 trains complets, et de 220 camions.
  • Le fret ferroviaire qui émet 9 fois moins de CO2, et 8 fois moins de particules nocives que le transport routier, tout en consommant 6 fois moins d’énergie que celui-ci.

L’économie circulaire à grande échelle

Sans doute avez-vous remarqué, au gré de vos balades, la plateforme de transit et de tri des excavations issues de la construction de la ligne 15 Sud, au bord de la darse sud du port de Bonneuil, à 800 mètres environ des premières habitations. Le choix de cet emplacement ne doit rien au hasard. La plateforme peut y bénéficier de trois modes de transport : ferroviaire, routier et fluvial. C’est donc là que parviennent, en camions, les terres issues du creusement d’un tronçon de 4,2 km de la ligne 15 Sud, entre la gare Créteil-l’Échat et Champigny-sur-Marne. 

Ces terres sont analysées et triées sur cette immense plateforme de 47 000 m2 , avant d’être évacuées, essentiellement par voie d’eau, ce qui n’est pas banal, dans les filières de valorisation adaptées. Elles y seront valorisées pour être ensuite réutilisées dans le cadre notamment de réaménagements paysagers. Chaque jour, en fonction de la progression du tunnelier Camille, une à deux barges (une barge peut contenir 2 500 tonnes) quittent le port de Bonneuil. C’est un exemple concret qui illustre parfaitement la démarche de développement du mode fluvial et de l’économie circulaire, entreprise par la Ville et le port de Bonneuil. Il faut dire que le fluvial offre d’indéniables atouts : la réduction des nuisances sonores et de la poussière, la réduction des émissions de CO2 par rapport aux effets du transport routier…

Les projets d’avenir


Améliorer l’accès au port, conforter et développer la multi-modalité, améliorer le niveau de services aux entreprises, s’intégrer au territoire et s’ouvrir à la ville, dans une logique vertueuse… Le port joue un rôle essentiel sur le développement économique local, l’organisation des territoires, le cadre de vie. Voici quelques-uns des projets en cours et à venir.


Avis d’experts : Mobilisés pour développer le multimodal !

Notre territoire a les infrastructures logistiques et de transport de marchandises importantes pour répondre à l’impératif de report modal : le port de Bonneuil, la plateforme aéroportuaire d’Orly, le MIN de Rungis, le chantier multimodal de Valenton, la proximité de Paris et le site de triage de Villeneuve-Saint-Georges. Le site ferroviaire accueille de nombreuses activités de la SNCF, mais celui du fret est depuis 2011 à l’agonie. Alors que la crise sanitaire a mis la question du transport au cœur des enjeux et que la qualité de l’environnement s’impose comme une préoccupation majeure dans le pays et au-delà, le gouvernement continue le démantèlement de cette activité si essentielle, à l’image du train de primeurs Perpignan-Rungis. La concurrence, effective et globale pour le fret ferroviaire est un échec. Preuve en est, la division par deux des marchandises transportées par le rail en 15 ans. Pourtant les besoins sont immenses. Favoriser le fret ferroviaire public est un enjeu pour l’emploi et le cadre de vie dans le Val-de-Marne, une nécessité pour la planète.

Nous encourageons le report modal, en confortant la multi-modalité de la plateforme de Bonneuil, en combinant le fluvial, le ferré et le routier. Nos principales actions ? L’aménagement de terrains bord voie d’eau, le développement du réseau des quais à usage partagé et des services pour les mariniers. Autre levier, l’amélioration et la sécurisation de la desserte ferrée, pour le raccordement du port au réseau ferré national, l’accroissement de capacité du terminal conteneurs et la gestion des passages à niveau à l’intérieur du port. Pour l’amélioration de la desserte routière, nous réaménageons les carrefours principaux du port, pour prendre en compte le prolongement de la RN 406 qui permettra de connecter le port de Bonneuil au réseau routier magistral d’Île-de-France. La RN 406 permettra de minimiser l’impact du trafic routier sur les communes limitrophes tout en améliorant le fonctionnement des entreprises situées sur le port.

Point de vue de l'élu

Denis ÖZTORUN, Maire de Bonneuil-sur-Marne

Lundi 27 juillet 2020, j’avais accueilli, dans le port de Bonneuil, le Premier ministre Jean Castex, ainsi que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, et le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. J’ai eu l’occasion de présenter ce projet de développement du multimodal autour des quatre pôles que sont le port de Bonneuil, Rungis, Orly et Villeneuve-triage. Le Premier ministre m’a énoncé qu’il y était favorable, se déclarant notamment « profondément meurtri » par l’arrêt du train dit des primeurs, Perpignan-Rungis, par lequel transitaient pourtant 1,6 million de tonnes de fruits et légumes. Il nous a affirmé que cette situation était « peu compréhensible pour les citoyens » puisqu’elle engendre un fort accroissement des camions sur les routes. « Nous devons investir. Les transports combinés, c’est l’avenir », m’avait-il déclaré. Nous espérons désormais que ces promesses seront tenues. L’État doit être pleinement acteur dans ce projet en assumant son rôle de planification en cette période de crise. Cette bataille du multimodal est en lien direct avec des questions essentielles : l’écologie, le développement économique et l’emploi. Nous surveillons ce dossier comme le lait sur le feu, tant il est essentiel pour le cadre de vie et crucial en termes d’emplois pour le bassin local et les Bonneuillois. Je m’y engage et suis prêt à mobiliser les élus des alentours, les partenaires économiques, syndicaux et politiques pour faire valoir ce projet et créer un rapport de force favorable à sa mise en œuvre.