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Rendre accessible à toutes et tous l’art contemporain, cela même au pied des cités. Tel est le projet du centre d’art municipal Jean-Pierre Jouffroy qui a ouvert ses portes samedi 21 septembre 2019, et inauguré devant plus de 300 personnes. 

« Il faut faire venir le Louvre à Bonneuil », projetait Bernard Ywanne, l’ancien maire de Bonneuil.

C’est pourquoi, au fil de ses mandats de 1971 à 2004, il avait fait constituer un vaste fonds d’art municipal, acquérant des œuvres et des reproductions de nombreux artistes contemporains. Aussi, il fallait bien un espace pour les réunir et les exposer à la vue de toutes et tous. C’est désormais chose faite !

L’art surgit là où on ne l’attend pas

Samedi 21 septembre, le maire Patrick Douet et plus de 300 Bonneuillois ont inauguré le centre d’art Jean-Pierre Jouffroy.

Situés place Aimé-Césaire, au carrefour de plusieurs quartiers, il s’agit de 540m2, flambants neufs, mis au service de l’art et de la culture. « L’art surgit là où on ne l’attend pas, s’est réjoui le maire de Bonneuil, paraphrasant le peintre Jean Dubuffet. Ce centre d’art est la dernière pièce du beau puzzle que constitue la Zac Aimé-Césaire, au cœur de ce qu’on appelait ici le Grand ensemble. Un tel équipement nous a semblé indispensable dans une ville comme la nôtre. L’art contemporain n’a pas vocation à rester confiné dans les galeries des beaux quartiers, loin du regard populaire. »

En présence de 300 personnes, le maire a coupé le ruban inaugural, avec à ses côtés la famille de Jean-Pierre Jouffroy, peintre val-de-marnais et artiste engagé qui est décédé en 2018. « Nous sommes très fiers que ce centre porte son nom et sa mémoire », a déclaré, émue, sa fille Pomme, remerciant la Ville pour cet hommage à son père, « un grand gamin romantique épris de lumière et de mouvement qui voulait recouvrir de peinture la surface de la terre ».

Aussi, c’est en passant au pied de son autoportrait, affiché à l’entrée, que les visiteurs découvraient le centre et sa première exposition. Sur le thème de la paix, il s’agit d’une trentaine d’œuvres, mises en scène par le scénographe et architecte Olivier Leblois. Toutes signées par des artistes contemporains, tels que Pablo Picasso, Alexander Calder, Bruce Clarke ou encore, bien sûr, Jean-Pierre Jouffroy.

Retour en vidéo sur l'inauguration du centre d'art

 

« C’est magnifique », « C’est grand », « C’est impressionnant », « C’est un nouvel enrichissement culturel pour Bonneuil », « Un nouvel espace qui va profiter à tous »... 

Les avis étaient unanimes pour célébrer ce nouvel équipement, nouveau service public municipal, qui n’appartient à personne d’autre qu’aux Bonneuilloises et Bonneuillois eux-mêmes. « Bonneuil toujours avance, dit la devise, mais là il faut courir vite pour le rattraper ! », s’est exclamé Slavio, habitant du quartier Fabien.

540m2 au service de l’art et du partage

Au cœur de la Zac Aimé-Césaire et ses 267 logements neufs, des espaces verts fraîchement aménagés, un verger, un espace ludique sportif, voisin de la médiathèque BernardYwanne, à l’angle des avenues de Boissy et de Verdun, voici, flambant neuf, le centre d’art municipal JeanPierre Jouffroy.

Ce nouvel équipement culturel est celui de tous les Bonneuillois, de tous ceux qui, passant par le parvis qui lui fait front, souhaiteraient voyager, se ressourcer, s’interroger, ressentir et partager l’art contemporain sur 540 m2.

L’architecture du centre d’art Jean-Pierre Jouffroy, inauguré le 21 septembre, se présente en grand espace ouvert (sur les trois côtés de la place Aimé-Césaire), dynamique, lumineux. Ses grandes parois vitrées sont une invitation à l’intérieur. Un accueil de 40 m2, une grande salle d’exposition de 280 m2 et de 4m de hauteur de plafond, une autre plus petite de 70 m2, deux salles de projets de 15 et 20 m2, une cafétéria... 

Le centre et l’entièreté de la ZAC sont l’œuvre des architectes Daquin et Ferrière, qui tous deux accordent une importance particulière à l’écologie, utilisant les nouvelles sources d’énergie, et empruntant ici de nouveaux matériaux telle la tôle perforée ou étirée.

Simple et polyvalent

L’équipement culturel est à lui seul une balade le long de rampes et de colonnes monumentales. Traversant, sa fluidité est accentuée par le contraste entre le carrelage et le gris foncé continu. Sa scénographie a fait l’objet d’un aménagement simple et polyvalent par des panneaux en composite suspendus et des mobiliers en bois fabriqués par les menuisiers municipaux.

Tous les possibles sont là : exposition d’œuvres variées, petites ou grandes, peintures, sculptures, vidéos et autres productions artistiques visuelles, dans des installations monumentales ou intimes. Trente points lumineux permettent la protection des œuvres et les visites en soirées. Il n’y a plus qu’à s’y laisser aller.

La maison de tous les arts visuels

La fonction première du centre d’art de Bonneuil vise à valoriser et exposer le fonds communal d’art contemporain.
Ainsi, chaque année, une partie des 200 œuvres appartenant à la Ville sera ici présentée telle qu’aujourd’hui et jusqu’en décembre sur le thème de la paix. Peintures figuratives ou abstraites, sculptures, photographies ou tout autre moyen d’expression artistiques suivront.

La programmation de l’année est en cours et d’ores et déjà, un accueil de photographies de John Hall sur les manifestations au Chili de 1971 à 1973 se dessine pour mi-décembre.

L’international Claude Chaussard se présentera aussi avec ses médiums d’huiles et de craie de traçage. Les tableaux du peintre Max Wechsler disséminant des bribes de textes viendront aussi nourrir l’imaginaire des visiteurs.

À vous le centre d’art !

Également inscrit dans la visée politique et sociale définie par la municipalité, la mise en place d’ateliers, de médiations culturelles, de partenariats avec différents acteurs institutionnels et associatifs ainsi que des centres et écoles d’art du Val-deMarne se construisent. Enfants et adolescents, notamment, aux âges propices à la bousculade par l’art ont toute leur place ici. Tous seront reçus par l’équipe du centre, impatiente de partage...

Jean-Pierre Jouffroy, une vie à colorer le monde

Né à Paris en 1933, Jean-Pierre Jouffroy était peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et essayiste. Il a travaillé et vécu dans le Val-de-Marne jusqu'à sa disparition le 17 septembre 2018, à l’âge de 85 ans.

Son rêve de gosse était « de recouvrir de peinture la surface de la terre ».

Enfant de la guerre, il aura passé sa vie à colorer le monde, avec des créations très en mouvement.

Dans son œuvre, il associe constamment figuration et abstraction. Grand ami de Picasso, il fut particulièrement influencé par Matisse, Cézanne, Gauguin, Kandinsky. D'une grande érudition, il a écrit des articles sur de nombreux artistes, dont de Staël, Calder, Matta...

Militant communiste, il a été directeur artistique de l’hebdomadaire l’Humanité Dimanche et a collaboré à l’illustration de nombreuses revues engagées. Il a aussi été un grand organisateur d’expositions, notamment à la Fête de l’Humanité, et a participé à la création du Mac Val à Vitry-sur-Seine.

Le fonds d’art municipal, késaco ?

C’est une collection d’œuvres choisies, achetées et constituée depuis plus de 40 ans par la Ville. Ce fonds d’art contemporain municipal appartient ainsi à tous les Bonneuillois. Il comprend quelque 200 œuvres de 110 artistes.

Ces œuvres d’une très grande qualité, d’artistes engagés, sont réparties et décorent aujourd’hui les services et équipements de la ville. Chaque année, une partie de ces œuvres sera présentée aux habitants, et à tous ceux qui viendront visiter le centre d’art.

Point de vue du maire


« Quelle fierté pour notre commune d’ouvrir ce centre d’art !

En matière d’équipement culturel, nous avions déjà la salle Gérard-Philipe pour le spectacle vivant et le cinéma, la médiathèque Bernard-Ywanne pour la lecture publique et le conservatoire Marie-Béatrice-Boucheron pour les enseignements artistiques. Nous avons maintenant, aussi, le centre d’art Jean-Pierre-Jouffroy.

Un tel équipement nous a semblé indispensable dans une ville comme la nôtre. L’art contemporain n’a pas vocation à rester confiné dans les galeries des beaux quartiers de la capitale, loin du regard populaire. La création artistique a tout à gagner à se nourrir de ce regard et à le nourrir en retour.

Et nous avions un atout majeur pour nous lancer dans cette aventure, que nous devons en particulier à l’action de Bernard Ywanne. Il a pratiqué durant plus de deux décennies, une politique très volontariste d’acquisition d’œuvres. Il s’agissait pour lui de valoriser la création contemporaine, de reconnaître la portée civilisationnelle du travail des artistes d’aujourd’hui.

L’exposition présentée pour cette ouverture montre une partie de cette collection. Grâce à ce centre d’art enfin ouvert, la mise à disposition du grand public de notre fonds municipal se poursuivra et se réitérera, bien au-delà de ce jour.

Nous avons choisi, à l’unanimité du conseil municipal, de donner à notre centre d’art le nom de Jean-Pierre Jouffroy, dont plusieurs œuvres font d’ailleurs partie de l’exposition.

Parmi les raisons qui ont guidé ce choix, Jean-Pierre était un grand artiste, associant constamment figuration et abstraction, se réinventant sans cesse. Et il n’était pas seulement un artiste, mais lui-même un organisateur d’expositions, un ami et un défenseur des artistes, autant qu’un homme engagé politiquement, notamment au Parti communiste depuis 1962. »