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Le 18 mars 1871, éclate la Commune de Paris. 72 jours d’insurrection populaire, pour la « République démocratique et sociale ». Une révolution sans précédent et une expérience politique qui a marqué l’histoire. La Ville dévoilera une plaque commémorative le 28 mai.

Depuis le mois de mars et jusque fin mai est installé, en exterieur, devant le service de l'enfance Avenue Auguste Gross une exposition consacrée à cet anniversaire de la Commune de Paris, il est toujours temps de vous y rendre !

« Elle n’est pas morte ! », écrivait en 1886 l’auteur et poète Eugène Pottier. Et c’est bien l’avis de la Ville de Bonneuil qui a décidé de consacrer la 6e Quinzaine de la mémoire et de la citoyenneté au 150e anniversaire de la Commune de Paris. Déclarée le 18 mars 1871 et réprimée dans le sang lors de la semaine sanglante du 21 au 28 mai, la Commune de Paris reste une fascinante expérience inédite de gouvernement populaire.

En ce début de printemps 1871, après 20 ans de soumission au régime impérial de Napoléon III, des mois de guerre avec la Prusse et de siège éprouvant, les Parisiens et Parisiennes prennent les armes, poussés par l’idéal d’une République égalitaire, juste, citoyenne et fraternelle. Pendant 72 jours, le peuple parisien a résisté à l’hostilité des « Versaillais », comme on surnommait alors le gouvernement provisoire dirigé par Adolphe Thiers. Et pendant 72 jours, la Commune a lancé un train de réformes inédites pour l’époque. École laïque et gratuite, séparation de l’Église et de l’État, salaire minimum, la journée de dix heures, égalité hommes/ femmes… La Commune de Paris a mis en place des mesures et principes qui sont aujourd’hui les alphas et omégas de notre République. Elle a également mis en place une démocratie nouvelle, décentralisée et directe. Chaque décision était prise par l’assemblée communale, élue au suffrage universel direct, sur la base d’un dialogue ouvert permanent avec le peuple parisien par le biais de commissions.

Trahi et honni par les Versaillais, l’audace du peuple de Paris est finalement réprimée dans une violence inouïe. Du 21 au 28 mai, pas moins de 20 000 communards sont assassinés. C’est le plus grand massacre de population civile depuis les guerres de religion et notamment la Saint-Barthélémy. Les mois qui suivent, plus de 46 000 personnes sont jugées par des conseils de guerre, 13 450 sont condamnées, dont 4 586 sont déportés dans les bagnes, notamment en Nouvelle-Calédonie.

Pour rendre hommage à toutes ces avancées ainsi qu’aux milliers de victimes de la répression, la Ville de Bonneuil propose depuis le mois de mars une grande exposition, affichée avenue Auguste-Gross, devant le groupe scolaire Langevin-Wallon. Aussi, vendredi 28 mai, la Ville de Bonneuil, en partenariat avec l’association Les Amies et Amis de la Commune de Paris et l’artiste Ernest Pignon-Ernest, dévoilera une plaque commémorative, à l’entrée de la rue de la Commune.

La Commune n’est pas morte

Que devons-nous à la Commune aujourd’hui ? Après 150 ans, la Commune reste une source d’inspiration et d’espoir pour toutes celles et ceux qui se réclament des valeurs de la République universelle. Ses combats, ses victoires et ses échecs, méritent, plus que jamais pour la municipalité, d’être célébrés et commémorés pour mieux répondre aux attaques contre notre République et ses valeurs.

« La République est mise à mal. Nous la défendrons face à celles et ceux qui veulent la diviser, proclamait le maire Denis Öztorun, le 24 janvier dernier lors de son investiture. Nous serons de celles et ceux qui ne se lasseront jamais de construire du commun et de dépasser toutes les remises en cause de notre humanité commune. » C’est pourquoi il a fait de la défense de la République et de ses valeurs une priorité de son mandat. Et le 150e anniversaire de la Commune, commémoré ce printemps 2021, est l’occasion de célébrer les racines de la République et d’honorer celles et ceux qui ont combattu pour la voir naître. En effet, il y a 150 ans, entre le 18 mars et le 28 mai 1871, a éclaté une révolution politique et sociale qui a marqué et inspiré l’histoire. En quelques semaines, la Commune a lancé un train de réformes inédites pour l’époque, dont beaucoup sont devenues les fondements de notre République. « Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté, considérant que la liberté de conscience est la première des libertés, proclamait-elle notamment le 3 avril 1871, la Commune de Paris décrète que l’Église est séparée de l’État et que le budget des cultes est supprimé. » Ainsi, bien que massacrée, la Commune a planté les premières racines d’une république sociale, laïque et démocratique.

« Le véritable crime de la Commune, c’est d’avoir commencé à bâtir une société qui ne repose plus sur la quête effrénée du profit et s’intéresse d’abord au bienêtre des uns et des autres. Tout ce qui appartient à l’intelligence populaire et au partage des richesses est quelque chose qui fait horreur aux puissants », relève l’écrivain et cinéaste Gérard Mordillat« La Commune est vaincue, mais elle n’est pas morte, estime Roger Martelli, historien et coprésident des Amies et Amis de la Commune de Paris. En « montant à l’assaut du ciel », comme le dit Karl Marx dès 1871, la Commune laisse le souvenir d’une expérience unique - celle d’un véritable gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple -, d’une utopie qui a voulu se réaliser et d’une épopée, tout aussi flamboyante que brève ».

Si aujourd’hui sa mémoire divise encore, l’État français reconnaissait enfin, le 29 novembre 2016, l’héritage de la Commune. Les parlementaires votaient la réhabilitation des communards : « L’Assemblée nationale juge nécessaire que soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par les acteurs de la Commune de Paris. Souhaite que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ».

Pour le maire, célébrer la Commune, c’est célébrer les valeurs et les combats qui ont conduit à la République que nous connaissons mais qui ne sont jamais acquis. « La laïcité, nos libertés, l’égalité et notre fraternité, notre vivre ensemble, toute notre République, estime Denis Öztorun, sont menacées par les idées d’extrême-droite et fascisantes - et nous l’avons constaté encore fin avril avec l’assassinat abominable d’une fonctionnaire de police dans un commissariat de Rambouillet - ainsi que par toutes les lois liberticides et les destructions de nos biens communs que sont la sécurité sociale, le droit à l’éducation, nos retraites, tous nos services publics… Et la Commune de Paris nous rappelle également cette espérance d’un temps des cerises, d’une société juste et fraternelle. À Bonneuil, la Commune n’est pas morte ! »

Hommage à la Commune

Vendredi 28 mai, à 18h, la Ville de Bonneuil dévoilera une plaque commémorative en hommage à la Commune et aux victimes de la Semaine sanglante. À l’entrée de la rue de la Commune, à côté de la médiathèque, cette plaque sera apposée en présence d'Ernest PignonErnest dont sa dernière œuvre dédiée à la Commune l’ornera et de membres de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris.